Live Improvisations

Prélude liturgique improvisé – Communion improvisée *
Hommage à Domenico Scarlatti :
Sonate en ré mineur **
Sonate en sol majeur **
Suite française improvisée : Plein Jeu – Basse de trompette –Fond d’orgue – Grand Dialogue **
Improvisation sur un thème grégorien **
Improvisation libre ***
Diptyque improvisé : Allegro agitato – Andante sostenuto *
PAS DE LIVRET (CD sous simple étui)
Durée : 1h 6′ 53″
Quantum QM 7092 – 2022
Orgues Cavaillé-Coll–Gloton-Debierre–Lacorre (1885-1938-2018) de Notre-Dame d’Auteuil, Paris * ; Klais (1980-2007) de la cathédrale d’Altenberg (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) ** ; Kleuker (1981) de l’église du Chant d’Oiseau, Bruxelles ***
Une vie de concertiste et d’organiste liturgique mêle très souvent répertoire, improvisation et transcription. Les dernières parutions de Frédéric Blanc font écho à ces diverses facettes d’un art multiforme. Ainsi le CD gravé en 2022 pour ROB Records [Renaissance de l’Orgue à Bordeaux] à l’orgue Commaille (1890) de Barsac, au sud-est de la métropole aquitaine, chaleureux portrait d’un instrument de taille modeste (17/II+Péd.) mais qui fait grandement et magnifiquement sonner un choix de pièces signées Jean Bouvard, Jehan Alain, Vierne, Tournemire, Fauré, Dupré, Langlais, Fleury, Franck – mais aussi des chorals de Cantates de Bach transcrits par Duruflé.
Les répertoires romantique, symphonique et moderne sont ceux que l’interprète privilégie, comme l’atteste aussi le programme enregistré à l’orgue de Sainte-Clotilde (Paris) pour illustrer le passionnant Vol. 4 de la collection Solesmes et les musiciens, sous-titré Les grands organistes : Patrick Hala y relate l’histoire musicale de l’abbaye de Solesmes à l’heure du renouveau grégorien et en lien avec quelques grands noms de l’orgue des XIXe et XXe siècles : Lemmens, Guilmant, Bonnet (qui se taille la part du lion), Tournemire, Duruflé, Messiaen, Dupré, Litaize, tous ces compositeurs étant évoqués sur le CD qui accompagne cet ouvrage magistral (1).
À l’issue de la restauration de l’orgue de Notre-Dame d’Auteuil dont il est titulaire et dont l’histoire, qui croise celle du Trocadéro, vaut le détour (2), Frédéric Blanc a enregistré en mars 2021 un album de Transcriptions symphoniques : Haendel transcrit par Dupré et Marie-Madeleine Duruflé, Seixas par Blanc lui-même, Bach par Guilmant et Guillou, Debussy par Cellier, Wagner par Dubois, Chopin par Liszt, mais aussi Walton, Borodine, Elgar… L’instrument, dont la base Cavaillé-Coll magnifiquement préservée est enrichie de possibilités autorisant les répertoires les plus divers, y compris classiques, y sonne admirablement : un caméléon aux ressources inépuisables. L’orgue d’Auteuil est malheureusement inutilisé à l’heure actuelle, à la suite de la rénovation intérieure de l’église, pourtant rouverte depuis plus d’un an, sans son orgue, immobilisé alors que parfaitement restauré et jouable. Une longue attente sans explication réellement recevable.
Live Improvisations fait réentendre Auteuil, et de prime abord sa destination liturgique, la pondération initiale s’effaçant toutefois dans une Communion singulièrement tourmentée au gré d’une progression dynamique propre à la palette symphonique. Frédéric Blanc, comme dans maintes pages de ce programme, fait le plus souvent suivre les moments paroxystiques d’un retour saisissant à une poétique quiétude, la continuité des phases successives, contrastées mais agencées sans hiatus, n’étant pas la moindre qualité de ces improvisations denses et habitées.



L’hommage à Scarlatti évoque le maître italo-ibérique sans recourir à un strict parallélisme formel. Cela passe avant tout par l’inépuisable pulsion de ces pages richement condensées jouant à merveille de la palette du grand Klais d’Altenberg (près de Cologne), haut lieu de l’orgue rhénan depuis quarante ans. La Suite française, sur laquelle plane l’Ave maris stella, agit de même : elle suggère le style mais n’imite ni ne se glisse réellement dans une forme spécifique, le langage étant quant à lui atemporel, propre à mettre en valeur un instrument moderne.
Les climats des plages ultimes de ce disque sont particulièrement saisissants : l’Improvisation sur un thème grégorien est un poème symphonique épique de grand format ; l’Improvisation libre suggère un implicite hommage à Jean Guillou sur l’orgue qu’il a conçu pour le Chant d’Oiseau de Bruxelles – registrations (le Kleuker sonne de somptueuse manière) et effervescence font référence au maître de Saint-Eustache mais nullement dans l’esprit de l’un de ses nombreux épigones ; enfin retour à Auteuil pour un Diptyque luxuriant : Allegro agitato d’une continuité sans faille dans sa progression narrative ; Andante sostenuto en forme de paysage sonore luminescent, aux couleurs d’aurores boréales ou d’éruptions solaires, s’estompant peu à peu pour finir dans un calme bienfaisant.

(1) Dom Patrick Hala, Solesmes et les musiciens – Vol. 4 : Les grands organistes (2023)
https://www.solesmes.eu/node/17655
(2) Historique de l’orgue de Notre-Dame d’Auteuil
https://www.fredericblanc.org/copie-de-agenda
Orgue Cavaillé-Coll-Gloton-Debierre-Lacorre de Notre-Dame d’Auteuil
https://inventaire-des-orgues.fr/detail/orgue-paris-eglise-notre-dame-dauteuil-fr-75056-paris-ndaute1-t
Orgue Klais de la cathédrale d’Altenberg
https://www.altenberg-dommusik.de/die-domorgel
Orgue Kleuker de l’église du Chant d’Oiseau, Bruxelles
Frédéric Blanc
https://www.fredericblanc.org