Échos

Notre-Dame de Paris : renaissance d’un orgue

Par Christophe d’Alessandro

Les 7 et 8 décembre derniers resteront un point mémorable : celui de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris après cinq années de silence. Christophe d’Alessandro a eu la chance d’être parmi les invités. Il nous livre ses impressions sur ce moment magique que fut le Réveil de l’orgue et nous offre un enregistrement réalisé à « hauteur d’oreilles », témoin émouvant de ce qu’ont entendu les auditeur présents (légèrement différent de celui enregistré par la télévision en hauteur, au centre de la nef).

Envoyé spécial d’Orgues Nouvelles, comment résister à la tentation d’emporter un discret enregistreur Zoom H1, pour offrir un enregistrement pirate de l’éveil de l’orgue de Notre-Dame ?

L’enregistreur est à la boutonnière dans le bas-côté droit et à peu près au milieu de la cathédrale (au droit de la quatrième chapelle de la nef au sud). Cet enregistrement donne un rendu sonore de bien moins bonne qualité que celui de la télé, enregistré en hauteur au centre de la nef et masterisé en direct par les ingénieurs du son de France.tv (à partir de 2:50:00 environ).

 L’éveil comprend 8 séquences, jouées par : 

Olivier Latry, organiste titulaire du grand orgue de la Cathédrale,
Vincent Dubois, organiste titulaire du grand orgue de la Cathédrale,
Thierry Escaich, membre de l’Institut, organiste titulaire du grand orgue de la Cathédrale
Thibault Fajoles, organiste titulaire adjoint du grand orgue et de l’orgue de chœur de la Cathédrale.

L’ordre des séquences ne suit pas l’ordre des noms. Un quiz : qui joue quelle séquence ? (Sans regarder le replay à la télé !)

Les organistes ont choisi d’improviser à la fois dans leur propre langage, mais aussi dans le langage de l’orgue classique français de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle, avec une Tierce en taille et un grand Plein-Jeu. Chacune des séquences dure … 90 secondes.

Écouté d’en bas l’orgue sonne aussi magnifiquement qu’avant l’incendie. Un enregistrement, aussi bon soit-il, ne rendra jamais justice à l’enveloppement sonore et à l’émotion éprouvée sur place. Pour entendre l’orgue de Notre-Dame, venez à Notre-Dame, profitez des concerts et des auditions d’orgue !

La séquence 1, du pianissimo au tutti avec chamades, montre la dynamique et la clarté exceptionnelles de l’instrument, tout comme l’élaboration polyphonique et orchestrale des séquences 7 et 8 (séquence conclusive).

La variété et la beauté des timbres captivent, les mutations au centre du triptyque de la séquence 3, les mélanges de la séquence 6, le chœur des anches douces (les Clarinettes ?) qui débute la séquence 2.

L’audition du grand plein jeu de 32′ manuel est une expérience somptueuse, unique, dans cette immense, haute et assez étroite nef, qui magnifie la gravité, le calme et la grandeur musicale de l’instrument (séquence 5).

Les fonds et le grand Jeu de tierce de la séquence 4 nous emporte dans un récit poétique.

Le son de l’orgue est précis, puissant et très raffiné malgré l’acoustique un peu étouffée par les 2500 personnes au parterre de la cathédrale. Mais la foule est l’habitude plutôt que l’exception à Notre-Dame, et les facteurs d’orgue, qui le savent bien, ont mis leur art au service d’une église bien pleine.  Un ensemble musical exceptionnel et vivant a retrouvé tout son lustre grâce au talent et au métier de ses organistes, de ses facteurs d’orgue, sans oublier la maîtrise d’œuvre, la maîtrise d’ouvrage, les donateurs.