60 ans, ce n’est pas rien ! Une belle étape qui nécessairement invite au bilan. Pour Benoît Mernier, qui franchira le pas le 16 décembre prochain, « c’est la question de la finitude qui se pose ». Mais alors quelle réponse à cette interrogation abyssale ? « Ma seule manière de rester positif est de réfléchir sur l’avant et l’après. Pour moi, le lien entre l’avant et l’après s’incarne dans une dynamique de transmission. Nous faisons partie d’une chaîne dont nous ne sommes qu’un maillon à la fois éphémère et essentiel. Ce qui est important n’est pas la somme de nos actes individuels mais la continuité de cette chaîne, ce qu’elle a été avant nous, et ce qu’elle sera après.»
Dans l’esprit de ce désir de transmission, Benoît Mernier nous propose, pour son 60e anniversaire, un CD enregistré sur l’orgue de l’église Saint-Loup de Namur, récemment – et magnifiquement – restauré par la Manufacture d’Orgues Thomas. Le programme, pensé comme le déroulé d’un concert, s’articule autour de la triple lettre B. Trois compositeurs : un maître (Buxtehude) et deux disciples (Bach et Bruhns) « dont les styles se croisent, se font écho… ».
Un CD produit par le label Cypres que vous pouvez dès à présent trouver sur les diverses plateformes en ligne, et qui sera présenté le 14 novembre prochain lors d’un concert sur le lieu de l’enregistrement. Il s’agit de musique, bien entendu ; et de la bien belle, superbement jouée ; mais au-delà de toute considération artistique, c’est aussi d’un témoignage dont il est question : la mise en lumière de ce fil invisible qui, à travers les époques, ne s’interrompt jamais.
Écoutez, dans la partie finale de la Fantaisie de choral de Nicolaus Bruhns, le Zimbelstern de l’orgue de Namur. Cet accessoire, courant en Allemagne du Nord à l’époque baroque et fréquemment utilisé pendant la période de l’Avent, consiste en plusieurs étoiles accrochées au buffet de l’orgue et qui, actionnées par un mécanisme, tournent avec un tintement continu.
Au Zimbelstern, Charlène Bertholet, une étudiante de Benoît Mernier (transmission, toujours…) ; vidéo réalisée par Denis Guerdon.