Divers CD nous permettent d’entendre Edouard Commette comme interprète et comme compositeur. Qui fut cet organiste français dont une petite place ombragée, sur le flanc sud de la cathédrale Saint-Jean de Lyon, porte le nom ?
C’est ce que Gilles Laprévoté nous rappelait dans un des premiers numéros d’Orgues Nouvelles (en 2009).

Né à Lyon en 1883 et nommé dès 1904 à la cathédrale Saint-Jean, il devait rester à ce poste pendant près de soixante ans.
Suscitant l’admiration enthousiaste de ses auditeurs, il déroutait pourtant quelque peu ses amis du fait d’une certaine réserve et d’une trop grande modestie. Ainsi, en 1929, avec une tendresse non dénuée d’humour, son élève et ami Pierre-Octave Ferroud écrivait-il : « Pour rien au monde je n’aurais manque cette messe du dimanche à Saint-Jean. Bien souvent, nous avons déploré que ce jeu, merveilleux de tact et d’intelligence, demeurât réservé aux fidèles de la vieille cathédrale. Nous sollicitions Edouard Commette, nous l’engagions à se faire entendre ailleurs, à franchir la barrière de son enclos. Cette perspective seule suffisait à l’effrayer. […] Nous désespérions vraiment d’en faire quelque chose! »1.
Pourtant, devenir une vedette internationale de l’orgue était bel et bien le destin d’Edouard Commette.
En effet, c’est grâce à 34 disques (78 tours), enregistrés à Saint-Jean entre 1928 et 1938 pour la firme anglaise Columbia, vendus partout (Allemagne, Grande Bretagne, Etats-Unis, Canada, Brésil, Argentine, Japon, etc.) et dont le succès fut immédiat et universel, que le talent d’Edouard Commette fut révélé à tous les mélomanes. Une série de microsillons enregistrés sur le même instrument par Columbia entre 1954 et 1961, assit encore davantage cette réputation internationale. La critique ne tarissait pas d’éloges et nombreuses sont aussi les anecdotes qui mettent en évidence l’immense notoriété dont bénéficia bientôt l’organiste de la Primatiale St-Jean, comme celle rapportée par André Combe qui relate la stupeur du peintre lyonnais Pierre Thévenin entendant, nasillés par un vieux gramophone, les disques de son compatriote sur un minuscule îlot d’Océanie2.
Très sollicité, Commette dut accepter de se faire entendre en concert dans de nombreuses villes de France ou de l’étranger mais jamais, cependant, il ne consentit à franchir l’Atlantique et à partir pour de longues tournées en s’éloignant de sa famille, de son orgue, de ses élèves et de ses amis. Cas unique sans doute, Edouard Commette constitue l’une des personnalités les plus attachantes de l’histoire de l’orgue au XXe siècle.
1 Cité in Les Amis d’Edouard Commette, plaquette publiée sous le titre Edouard Commette, Compositeur, Organiste de la Primatiale St-Jean et Citoyen de Lyon, 1883-1967, Paris 1969, p. 8
2 André-F. Combe, Edouard Commette, l’organiste des disques, Lyon, 1954, p. 5