[ou : Michel Chapuis, André Isoir, Odile Pierre et Xavier Darasse à Notre-Dame de Paris]

Nicolas de Grigny (1672-1703) : Hymne « Ave maris stella » (1)
Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Passacaille et thème fugué BWV 582 (1)
Louis Vierne (1870-1937) : Allegro de la Deuxième Symphonie op. 20 (2)
Charles Tournemire (1870-1939) : Paraphrase-Carillon op. 57 Office de l’Assomption (2)
Maurice Duruflé (1902-1986) : Suite op. 5 Prélude, Sicilienne, Toccata (3)
Olivier Messiaen (1908-1992) : Transports de joie d’une âme devant la gloire du Christ qui est la sienne (L’Ascension) (4)
György Ligeti (1923-2006) : Volumina (4)
LIVRET FRANÇAIS / ANGLAIS
Durée : 1h 17′ 03″
Disques FY & du Solstice SOCD 413 – 2024
Michel Chapuis, 17.XII.1977 (1) ; André Isoir, 7.IV.1979 (2) ;
Odile Pierre, 10.XII.1977 (3) ; Xavier Darasse, 14.II.1971 et 11.III.1972 (4),
orgue Clicquot–Cavaillé-Coll–Boisseau, 1788 – 1868 – 1965, de Notre-Dame de Paris
Présentées à l’époque, de façon merveilleuse, par le chanoine Jehan Revert (1920-2015), maître de chapelle et voix si chaleureuse et musicale de la cathédrale, les auditions d’orgue de Notre-Dame n’ont cessé de rassembler des foules considérables, dimanche après dimanche (avant d’être avancées au samedi soir pour éviter le redoutable bruit de fond de la circulation des visiteurs). Elles restent associées à Pierre Cochereau (1924-1984) qui les créa en 1968 – mais, nous apprend François Carbou, à l’instigation du recteur de Notre-Dame, le chanoine Émile Berrar (1912-2009). Et Cochereau de confier aussitôt la mission d’organiser ce rendez-vous hebdomadaire au même François Carbou, lequel non seulement enregistrait Cochereau lors des offices et en concert, mais fit de même pour les auditions, jusqu’à l’arrivée des nouveaux titulaires en 1985, créant ainsi un fonds d’archives d’une exceptionnelle richesse et diversité.
Qu’il s’agisse de Cochereau ou de ses invités, Solstice a publié au fil du temps bien des témoignages passionnants, le choix se portant principalement, pour les auditions, sur la captation réalisée en répétition le samedi soir, le bruit de fond des concerts étant de fait problématique pour la qualité de l’écoute. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : 743 récitals par des musiciens d’une trentaine de pays. Indissolublement liée au nom de Cochereau, puisque seul maître à bord, la tribune de Notre-Dame de Paris n’en devint pas moins la plus ouverte qui soit.
Après deux CD consacrés à Jean Guillou et à Marie-Claire Alain en concert, Solstice réunit quatre grands noms de l’orgue français issus de la même génération, formée à l’école Dupré… pour mieux s’en affranchir. Michel Chapuis, qui fut organiste de chœur de la cathédrale (1954-1963) tandis que Cochereau officiait en tribune, aborde Grigny et Bach comme s’il jouait un instrument spécifiquement dédié à ce répertoire, son approche ne différant nullement de ses gravures « de studio » – dans un contexte instrumental et acoustique pourtant tout autres : du grand art, bien entendu « historiquement informé » mais aussi formidablement tonique et adapté aux conditions de restitution. Quant à André Isoir, dans une forme superlative, s’il a gravé ce même Tournemire à Pithiviers en 1976, jamais il ne confia aux micros l’Allegro de la Deuxièmede Vierne : superbe enrichissement de sa discographie. Pour Odile Pierre, la situation diffère. Elle a certes gravé les trois mouvements de la Suite de Duruflé, mais sur trois disques et trois orgues différents – c’est donc une première au disque la concernant : l’œuvre entière sur un même instrument, et pas n’importe lequel !, avec tout le mystère, la poésie et la virtuose magnificence que ce cycle d’exception exige. Enfin Xavier Darasse, qui n’a jamais enregistré Messiaen, l’un de ses maîtres (analyse) et dont les Transports sonnent ici avec beaucoup d’acuité, pas davantage Volumina de Ligeti, œuvre sidérante trouvant à Notre-Dame un contexte idéal, réinventée à chaque interprétation-recréation. Cet album élargit donc la discographie de trois de ses musiciens, cependant que chacun, tous répertoires confondus et avec une prise de risque maximale, respire dans l’exaltation l’esprit musical d’un tel lieu.